17

 

— Matthew Scudder ! s’écria Danny Boy. J’ai appris que tu étais mort. Puis que tu ne l’étais pas. La simple logique m’a fait comprendre que l’une de ces nouvelles devait être fausse.

— Où serions-nous sans la logique ? lui renvoyai-je.

Il sourit et me montra une chaise que je tirai pour m’asseoir. Après la réunion, j’avais descendu Amsterdam Avenue et l’avais cherché au Mother Blue’s. Ne l’y trouvant pas, j’avais continué à pied jusqu’au Poogan’s Pub, dans la 72e Ouest. Danny s’y était installé à sa table habituelle. A côté de lui une bouteille de vodka glacée reposait dans un seau, un travesti assez peu convaincant lui faisant face. On se servait beaucoup de ses mains pour parler et ce qu’on racontait égayait fort Danny Boy.

J’avalai un Perrier au comptoir en attendant qu’il ait fini de bavarder en gesticulant pendant que Danny Boy l’écoutait en riant. Ce dernier n’avait pas dû remarquer ma présence, mais à un moment donné il regarda de mon côté et m’aperçut. Quelques instants plus tard, le travesti se levait – il était assez grand pour faire un bon joueur de basket – et lui tendait la main. Je n’en avais jamais vu d’une taille pareille chez une femme – et il s’était peint les ongles en bleu. Danny Boy prit l’énorme chose dans sa menotte et la porta à ses lèvres. Le travesti poussa un petit cri ravi et s’éloigna en froufroutant. Mon tour était venu.

Sept soirs sur sept, Danny Boy se trouve à l’un ou l’autre de ces deux bars, assis à la table qui lui est réservée. C’est là qu’il écoute de la musique – live au Mother Blue’s, enregistrée chez Poogan –, s’entretient avec La Petite Amie du Mois et distribue ses renseignements à droite et à gauche. Après la fermeture – et dans ces deux établissements l’événement se produit aussi tard que le permet la loi –, il aime assez monter dans le nord de Manhattan et rejoindre des lieux qui restent ouverts après l’heure fatidique.

Mais il rentre toujours chez lui avant le lever du soleil, et s’y tient tranquille jusqu’à ce que l’astre du jour veuille bien se coucher. Danny Boy Bell est afro-américain, et ce qualificatif encombrant lui va mieux que celui de « Noir » : l’homme est en effet plus blanc que blanc. Albinos, il a les cheveux blancs, les yeux roses et la peau si pâle qu’elle en est quasiment translucide. Pour lui, le soleil constitue une vraie menace, toute source de lumière le gênant déjà beaucoup. Tout ce dont le monde a besoin, dit-il souvent, est d’atmosphères tamisées.

Je m’assis sur la chaise que le travesti venait de quitter. Danny Boy prit son verre de vodka glacée dans sa main et me dit qu’il était heureux de me voir en vie.

— Et moi donc ! lui répondis-je. Mais… que t’a-t-on raconté, au juste ?

— Ce que je t’ai dit. On a commencé par affirmer que tu avais été abattu dans un restaurant. Puis le téléphone arabe a apporté des corrections à la nouvelle. Tout compte fait ce n’était pas toi, mais quelqu’un d’autre qui y était passé.

— Oui, un de mes amis. J’étais parti aux toilettes et le tueur s’est trompé de bonhomme.

— Ce dont il ne s’est rendu compte que plus tard, poursuivit-il. Parce qu’il a bien fallu qu’il crie victoire à quelqu’un pour que ton nom figure dans les premiers ragots qui se sont mis à courir dans les rues. Qui était ton ami ?

— Personne que tu connaisses.

— Un type réglo, donc.

— Un de mes collègues buveurs de Perrier.

— Ah. C’est de là que tu le connaissais ? Tu l’aimais bien ?

— Beaucoup, oui.

— Désolé de l’apprendre, Matt. D’un autre côté, je suis heureux de constater que tu ne figures pas sur ma liste.

— Quelle liste ?

— C’est juste une expression comme ça.

— Mais je ne la connaissais pas. De quel genre de liste s’agit-il ?

Il haussa les épaules.

— C’est juste un truc que j’ai commencé à faire il y a quelque temps. Un jour, je me suis assis et me suis mis à recenser tous les gens que j’avais connus et qui y étaient passés.

— Ah, Dieu !

— En fait, Lui y est ou n’y est pas, ça dépend du type à qui on parle. C’est comme pour Elvis. Cela dit, ma liste se limitait aux gens que j’avais personnellement connus.

— Et tu y portais leurs noms.

— Ça a l’air con comme ça, me répondit-il, et ça l’est probablement, mais dès que j’ai commencé, je n’ai pas pu m’arrêter. Je suis même devenu assez compulsif là-dessus. Dès qu’un nom me venait, il fallait que je l’inscrive. C’est un peu comme le monument aux Morts du Vietnam à Washington – sauf qu’eux ont tout un mur et pas deux ou trois pages dans un calepin… et qu’en plus, ils ont tous quelque chose en commun : ils sont morts au cours de la même guerre.

— Et c’était tous des amis à toi.

— Même pas. Il y en avait que je ne pouvais pas saquer et d’autres que je connaissais juste assez pour leur dire bonjour en passant. Mais tu parles d’un trip, Matthew ! Un nom me faisait penser à un autre et c’était comme si des dominos s’étaient mis à me dégringoler dans la mémoire. Je me suis retrouvé à me rappeler des gens auxquels je n’avais pas pensé depuis des années. Des quartiers où j’avais grandi. Mon pédiatre. Un gamin qui habitait en face de chez moi et qui est mort de leucémie. Une fille de ma classe de septième qui s’était fait renverser par une voiture. Tu ne sais pas ce que j’ai fini par comprendre ?

— Non, quoi ?

— Que la plupart des gens que j’ai connus sont morts. C’est le genre de trucs qui doit arriver quand on commence à avoir un peu trop traîné sur cette terre. Un jour, j’ai entendu l’acteur George Burns déclarer : « Quand on a mon âge, tous les amis qu’on a sont morts », enfin… quelque chose de ce style. Le public a ri et je n’ai jamais compris pourquoi. Qu’est-ce que ça a de si drôle ? Ça te semble drôle, toi ?

— La façon dont il l’a dit ?

— Peut-être. Et maintenant lui aussi est mort. George Burns. Mais comme je ne l’avais jamais rencontré, il ne figure pas sur ma liste. Et toi non plus, vu que ton cœur bat toujours, ce qui me fait bien plaisir.

— Et moi aussi, dis-je. Mais quelqu’un a très envie de me coller sur ta liste.

— Qui ça ?

— Si je le savais ! m’écriai-je et je le mis au courant de l’affaire.

— J’ai entendu dire qu’il y avait eu du vilain chez Ballou, reprit-il. On ne parle que de ça dans les journaux. Un bain de sang que ça a dû être.

— En effet.

— J’imagine. Mais je ne savais pas que tu y étais.

— Il y a deux ou trois heures de ça, j’ai dit à un flic que je n’y étais pas.

— Ce n’est pas moi qui lui dirai le contraire, m’assura-t-il. Et Ballou ne sait vraiment pas qui lui met la pression ?

— Non.

— C’est sûrement le type qui a voulu te faire descendre.

— Je le pense.

— Je ne sais pas qui c’est, mais il ne pratique pas la discrimination à l’embauche. Côté tueur, il engage dans toutes les couleurs disponibles. Noir, blanc et jaune.

— Les Blancs sont plus nombreux, si on compte les deux qui m’ont coincé dans la rue.

— Et tu n’en as reconnu aucun ?

— Il n’y en a qu’un que j’ai pu regarder de près. Et non, je ne l’avais jamais vu avant. La prochaine fois, je te montrerai sa photo. En attendant, j’aimerais savoir ce que tu as appris.

— Moins de choses que toi, je suis navré de te le dire. La grande nouvelle était que tu avais trépassé, et puis la nouvelle n’a plus été aussi grande quand on a appris qu’en fait la grande nouvelle était fausse.

— Le fait que j’étais vivant présentait moins d’intérêt ?

— Qu’est-ce que tu crois ? Regarde le Times ! Ils n’arrêtent pas de passer des rectificatifs, mais ce n’est pas en première page qu’ils les mettent !

Il fronça les sourcils et ajouta :

— L’autre grande nouvelle est que quelqu’un est parti en guerre contre Mick Ballou et là, je dois dire que j’en ai appris beaucoup plus à la télé que par les nouvelles du trottoir.

— Il doit bien y avoir quelqu’un qui sait quelque chose, lui fis-je remarquer.

— Absolument. Toute la question est de savoir par où commencer et moi, je dirais : par le tueur.

— Il y en avait deux.

— Le Noir, puisque le Jaune ne cause pas. Le Noir, lui, jabote comme un perroquet, ce qui ajoute à la palette de couleurs. À ce propos… comment trouves-tu les ongles bleus de notre Ramona ?

— Justement, je voulais te poser la question… Elle les peint ou c’est leur couleur naturelle ?

— Écoute, Matthew ! Si tu le lui demandais, je suis sûr qu’elle prendrait ta question au sérieux. Elle croit dur comme fer qu’elle a blousé tout le monde avec ça. À son avis, il n’y a pas moyen de deviner.

— De deviner quoi ? Qu’elle se peint les ongles ?

— Qu’elle n’est pas née avec une chatte. Que ce n’est pas un chirurgien qui lui a fait des nichons gros comme des melons.

— Elle fait quelle taille, Danny ? Un mètre quatre-vingt-dix ?

— Sans ses talons aiguilles. Et n’oublions pas ses petites mains et ses adorables petits pieds… et sa pomme d’Adam, quoique là, ça doive disparaître dès qu’elle aura le fric pour l’opération. Ouais, tout ça, quoi. Mais rien à faire : elle est toujours convaincue qu’on ne se goure pas sur la marchandise. Et tiens, juste avant que tu poses ta question, espèce de grand fumier, la réponse est non. Je n’ai pas.

Il se versa un peu de vodka, tint son verre devant lui et regarda le monde au travers.

— Pas que je n’y aurais pas songé, reprit-il avant de descendre sa boisson.

— Comme si on pouvait ne pas y penser.

— Elle est gentille, Matt. Elle me fait rire et ça, tu sais, c’est de plus en plus difficile. Rien que sa taille… en soi, ça interroge. Par contraste.

— Œuvre de Dieu ou de ces messieurs de la Faculté, c’est un sacré morceau.

— Le Texas aussi, Matt, mais ce n’est pas une raison pour y aller. Cela dit, elle est quand même attirante. Tu ne trouves pas ?

— Comment en douter ?

— Et, bien sûr, elle est folle comme un lapin. Vraiment cinglée, mais bon. Chez les femmes, moi, ça ne m’a jamais gêné.

— J’avais cru le remarquer.

— Bref, elle me tente, conclut-il. Mais j’ai décidé d’attendre qu’elle se fasse ratiboiser la pomme d’Adam. C’est qu’avec la différence de taille, tu sais… j’aurais du mal à ne pas me laisser distraire.

Il fronça de nouveau les sourcils et ajouta :

— C’est ce qui s’appelle perdre le fil de la conversation. De quoi on parlait ?

— Le tueur noir.

— Ah, oui. Voici ce que j’en pense : étant donné qu’on a commencé par dire que tu étais mort, cette rumeur ne peut provenir que du type qui a cru te flinguer avant de comprendre son erreur. Conclusion : c’est un bavard et maintenant ce bavard a quelque chose de nouveau à dire. Il ne devrait pas être trop compliqué de le repérer. Parfois on peut remonter jusqu’à la source, mais de temps en temps, aussi, on n’arrête pas de tourner autour.

— Comme tu voudras, Danny. Du moment que ça marche.

— On reste en contact, Matt. Ah oui, autre chose : le type sait qu’il a raté son coup. Même chose pour celui qui l’a embauché. Ou bien il va remettre ça ou bien ce sera quelqu’un d’autre qui le fera à sa place.

— J’y ai pensé.

— Évidemment. C’est même pour ça que t’as une bosse sous la veste. Jolie d’ailleurs, cette veste, bosse ou pas bosse.

— Merci, Danny.

— Et tu fais attention, tu veux ? Je n’ai pas envie de te mettre sur ma liste.

Il pleuvait lorsque je quittai enfin le Poogan. Je me rappelai que j’avais laissé mon parapluie à la table de Danny Boy, j’allai le rechercher. Miracle, je ne l’avais pas oublié à la réunion.

Les taxis ont tendance à disparaître dès qu’il se met à pleuvoir. Il faut croire que la pluie tombait depuis longtemps, car je n’en vis aucun. J’avais presque décidé de me taper mes quinze rues à pied lorsqu’une voiture s’arrêta le long du trottoir, d’où sortit un gros Noir qui ressemblait certes beaucoup à Al Roker, le sympathique monsieur Météo de la télé, mais était en réalité Bad Dog Dunstan, maquereau de son état. S’il était sympathique, il prenait grand soin que ça ne s’ébruite pas.

Il avait deux filles avec lui et devait peser autant que les deux réunies. Elles se dépêchèrent d’entrer chez Poogan en essayant de ne pas se faire mouiller les cheveux. Bad Dog Dunstan, lui, sortit une liasse de billets de banque de sa poche et régla la course pendant que je tenais la portière de la voiture ouverte pour que le chauffeur de taxi n’essaie pas de filer sans moi.

Bad Dog Dunstan écarquillant grand les yeux en me voyant, j’eus très nettement l’impression qu’il avait appris la grande nouvelle, mais n’avait pas eu droit au rectificatif. Nous ne nous connaissions que de vue et ne nous étions jamais adressé la parole, mais je laissai tomber le protocole. Un taxi qu’on se refile un soir de pluie me parut valoir mieux que toutes les présentations du monde.

— Fausse alerte, lui dis-je seulement. Je ne suis pas encore mort.

Il me fit un grand sourire, qui me sembla plus sauvage que sympathique.

— Content de l’apprendre, tonna-t-il. On mourra tous bien assez tôt. Inutile de pousser à la roue.

Et il entra chez Poogan. Je montai dans la voiture et regagnai mon domicile.

Elaine regardait une rediffusion de Law and Order sur la chaîne Arts et spectacles – un des tout premiers épisodes, avec Michael Moriarty et Dann Florek. Nous l’avions déjà vu, mais ça ne semblait pas la troubler.

— Moriarty me manque, lança-t-elle. Je n’ai rien contre Sam Waterston, mais…

— Leurs acteurs sont toujours bons.

— Oui, mais quand c’est Michael Moriarty qui joue, on voit penser son personnage. C’est tout juste si on ne voit pas ce qu’il pense.

Et un peu plus tard, elle ajouta :

— Comment se fait-il que le juge fasse toujours disparaître les preuves à conviction et les aveux ?

— Parce que c’est un feuilleton réaliste, lui répondis-je.

C’était un des moments les plus sombres de la série : le malfrat colombien est acquitté tandis que la famille du témoin numéro un de l’accusation se fait zigouiller après le verdict.

— Hé ben, dis donc, reprit-elle, on se sent drôlement bien quand c’est fini !

Puis elle éteignit le poste et gagna la pièce voisine. Je décrochai le téléphone et composai le numéro que Mick Ballou m’avait donné.

Il répondit à la troisième sonnerie.

— J’espère que tu m’appelles de l’aéroport, dit-il.

— Comment savais-tu que c’était moi ?

— Il n’y a que toi qui as mon numéro. Je n’ai entendu sonner ce truc que deux fois dans ma vie et la première, c’est parce que je me suis appelé moi-même d’un autre poste. Je voulais juste savoir si cette merde fonctionnait correctement. C’est drôlement bizarre d’avoir un téléphone qui se met à sonner dans sa poche. J’ai mis une bonne minute à comprendre de quoi il s’agissait. À quelle heure est ton avion ?

— Je ne suis pas à l’aéroport.

— C’est ce que je craignais. Tu es chez toi ?

— Oui, pourquoi ?

— Je te rappelle avec l’autre téléphone, dit-il, et il coupa la communication.

Je raccrochai. Mon téléphone sonna presque immédiatement après, et c’était lui.

— C’est mieux, reprit-il. C’est salement petit comme engin pour causer dedans quand on est un homme. Sans compter qu’on ne peut jamais savoir qui est en train d’écouter. N’importe quel connard peut m’entendre sur sa radio de bord, ou dans les plombages de ses dents. J’ai causé à Rosenstein et il m’a dit qu’il t’avait embauché. Ça remonte à des lustres, cette affaire-là, lui ai-je dit. Et d’ailleurs comment avez-vous eu vent de ce micmac ? On dirait que ton avocat l’a appelé. Quasi qu’on serait prêts à se traîner mutuellement en justice.

— J’espère bien que non.

— Ça me paraît peu vraisemblable. Je suis content que tu veuilles bien m’aider, Matt, mais quand même : je préférerais que tu sois en Irlande.

— Il se pourrait que j’aie moi-même envie d’y aller avant la fin de cette histoire.

— Qu’est-ce que tu fais en ce moment ? Je prends la voiture et je passe te prendre pour faire une balade ? Ça te dirait ?

— Je crois que je vais me coucher tôt.

— Ce n’est pas moi qui te le reprocherai, mais j’ai besoin de faire quelque chose. Je n’ai absolument rien foutu de ma journée.

— Quand j’ai commencé à ne plus boire, mon responsable me disait que toute journée passée sans toucher à la bouteille serait bonne.

— Alors, j’en ai passé une très mauvaise. J’ai commencé par me saouler à mort et après, j’ai continué à boire pour me dessaouler… Ton responsable… C’est bien le bouddhiste ? Celui qui s’est fait tuer ?

— C’est ça. Et c’était la vérité qu’il me disait, Mick. Il suffit que je ne boive pas une goutte d’alcool de la journée pour que celle-ci soit bonne. Et toi, n’importe quelle journée sera bonne si tu arrives au bout en un seul morceau.

— Je vois ce que tu veux dire.

— Mais quand on veut rendre les coups, il faut commencer par savoir contre qui on se bat, Mick. Et c’est là que j’entre en scène.

— En qualité de détective, c’est ça ?

— Voilà.

— Sauf que tu n’as rien sur quoi travailler, Matt. As-tu avancé un peu ?

— Difficile à dire. Mais j’ai quelques angles d’attaque. Si l’un ne marche pas, j’en prendrai un autre.

— Putain ! C’est la première fois que j’entends une bonne nouvelle de la journée !

— Je ne parlerais pas encore de « nouvelle », Mick. Je ne fais que commencer.

— Tu trouveras, m’assura-t-il. Ah… c’est vrai que je préférerais te savoir en Irlande, mais bordel ! qu’est-ce que je suis content que tu n’y sois pas ! Allez, Matt ! On va coincer ce petit fumier et on lui fera sa fête. On le tuera.

— C’est ça, lui répondis-je. On le tuera.